mardi 29 octobre 2013

Egypte - JEUNE AFRIQUE : 'Campagne web contre la mention de la religion sur les cartes d'identité'

En Égypte, une campagne lancée sur les réseaux sociaux dénonce l’inscription de la religion sur la carte d’identité des citoyens.


Pour protester contre la mention de leur religion sur les documents officiels, des militants égyptiens invitent leurs concitoyens à cacher leur confession en la recouvrant d’une étiquette blanche sur laquelle est écrit « ça me regarde». Une page Facebook, 7agatkhoseny, - « Ça me regarde » en arabe - a été créée le 12 avril pour permettre aux participants de partager une photo de leur carte d’identité après sa modification. En quelques jours, près d’un millier de personnes ont déjà « aimé » la page.
Carte d'identité avec la mention religieuse cachée par une étiquette blanche, au centre (© 7agatkhoseny)
Carte d'identité, normale, sans l'étiquette apposée manuellement (© Tony Gamal Gabriel)
« Cacher la mention de la religion est à la fois une solution temporaire et une forme de protestation », explique dans un éditorial la journaliste et bloggeuse Sarah Carr, qui a participé au lancement de la campagne. « Il ne s’agit pas d’une campagne contre la religion ou contre l’identité religieuse. Il s’agit d’empêcher l’État de se mêler de questions qui ne le regardent pas (…) et de l’empêcher de définir, de contrôler ou d’exploiter l’identité religieuse », ajoute-t-elle.
Une initiative en faveur d’un État laïc donc, dans un pays où les minorités religieuses se plaignent depuis plusieurs décennies de discriminations. La campagne intervient d’ailleurs après l’attaque de la cathédrale copte du Caire, le dimanche 7 avril, durant les funérailles de quatre chrétiens décédés quelques jours plus tôt dans de nouveaux affrontements confessionnels.
Et pour encourager les Égyptiens à se joindre au mouvement, une vidéo réalisée par l’artiste plasticien Aalam Wassef est également diffusée sur Youtube (voir ci-dessous). « La République confessionnelle d’Égypte, la République raciste d’Égypte, la République haineuse d’Égypte », scande le chanteur tandis que défilent des images de véhicules militaires poursuivant des manifestants coptes lors des violences de Maspero, en Octobre 2011. Et de poursuivre : « la dissension est dans la carte (d’identité), et dans tous les formulaires. La case de la religion est le début de tous les problèmes ».
Par Tony Gamal Gabriel, au Caire


Egypte : Pièces administratives et Carte d'identité – L'identité mise en question !



Recensement officiel des religions en Égypte.

Situation administrative : l’Égypte est un état islamique. L'islam est donc la religion d’État et la loi islamique -shariah- est la source principale de la législation de la Constitution égyptienne.

A partir du web, lorsque l'on recherche les statistiques des différentes religions en Égypte, on trouve, par exemple :

sur db-city.com :

  • islam 88%
  • christianisme 10%
  • autres 2%

sur perspective Monde (perspective.usherbrook.co) :
  • musulmans 84,83%
  • chrétiens 14,58%

Wikipédia reprend les statistiques officielles qui sont celles de db-city, mais il est mentionné que « les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute Égypte ».


Depuis quelle existe la carte d'identité et tous les autres formulaires administratifs possèdent tous les mêmes 3 premières lignes, à savoir la mention de la religion sous l'identité :
1) Nom
2) Prénom
3) Religion

Étiquette blanche où est écrit : 'ça me regarde!', apposée sur la mention 'religion'', par contestation.
La mention de la religion qui est écrite sur la carte d'identité, obtenue à la majorité, conditionne ensuite ce renseignement sur toutes les autres pièces administratives : carte grise, certificat de naissance ou de décès, permis de conduire, adhésion à un club ou une activité... Ainsi chaque pièce administrative positionne à chaque fois, la personne au sein de la société comme étant musulmane ou non, et donc appartenant ou non à la partie la plus importante de la population.

Dans le quotidien.
A tous moments, il est nécessaire de présenter une pièce d'identité, auprès des administrations et associations, c'est l'occasion de savoir si vous êtes musulmans ou non. Pour des femmes et hommes non-musulmans, cette distinction est vécu en pratique, comme une discrimination bien pesante et pénible.

En outre, au niveau du droit, la possibilité de changer de religion sur la carte d'identité ne revêt pas la même facilité dans un sens ou dans l'autre. Ainsi une personne chrétienne peut sans grande formalité opter pour la religion musulmane. En revanche, qu'une personne musulmane décide d'opter pour la religion chrétienne, est beaucoup plus problématique, voir impossible dans la constitution du dossier de sa nouvelle carte d'identité.

Il est à noter que les personnes athées sont référencées systématiquement comme musulmanes.
Provocation : une pression administrative peu glorieuse.

Sous cet état de fait, le joug se fait des plus pesants lorsqu'une personne chrétienne qui vient chercher sa carte d'identité constate qu'il y a une faute mentionnant la religion musulmane à la place. Lorsque la personne à bien mentionné dans son dossier son appartenance religieuse non-musulmane, celle apparaît être de l'ordre de la provocation. Il lui est donc demandé qu'elle prouve qu'elle n'est pas musulmane, document qu'elle doit donc fournir à nouveau.

Un tracas pour les femmes en cas de mariage, inter-religieux.

Dans le rapport du Christian Solidarity International et de la Fondation copte des droits de l'Homme « The Disappearance, Forced Conversions, and Forced Marriages of Coptic Christian Women in Egypt. November 2009 » de Nadia Ghaly et Michele Clark, pour les jeunes femmes chrétiennes, dans le cas de mariages forcées, elles deviennent de fait musulmanes, ce qui est donc mentionné sur leur carte d'identité. Celles qui souhaitent que soit mentionnée la religion chrétienne, se retrouve dans une confusion de vie, où à toutes les occasions où elles présentent leurs papiers, elles sont assimilées à une autre communauté religieuse ce qui occasionne un déséquilibre moral.

On peut donc penser que la mention de la religion sur les pièces d'identités apporte un mal-être pour les populations non-musulmanes, comme l'a été l'impôt que « le dhimmi » c'est à dire le non-musulman, juif ou chrétien, devait payer en échange d'une protection de l'état islamique dans lequel ils vivaient. La conversion à l'islam, enlevait automatique cet impôt. A propos de la dhimmitude *

Un recensement étouffé.

Les cartes d'identités sont aujourd'hui électroniques et les renseignements qu'elles détiennent sont donc enregistrées dans des bases de données numériques. Le recensement des composants des différents communautés religieuses devrait être de l'ordre du possible, ce qui ne semble pas aller tout à fait de soi.

Il est étonnant de constater qu'en pratique, on n'a pas le droit de demander et donc d'obtenir les statistiques de proportions des musulmans et des non musulmans.

L’État et les services de l’État, 'tourne toujours autour du pot' pour ne pas donner des chiffres exactes des chrétiens au milieu de la population en Égypte, ce qui apparaît comme contradictoire avec le fait que la mention de la religion puisse permettre de comptabiliser les adeptes des différentes religions dans les bases de données informatisées.
Jusqu'à présent les recensements ne mentionnaient pas le nombre des chrétiens, afin de laisser planer le doute pour minorer la communauté chrétienne.

On peut constater un autre dénie en Égypte, dans le fait qu'on ne veut pas reconnaître la présence d'une population juive, quand bien même elle ne compte que peu de personnes.

Les déclarations officielles des populations en Égypte sont de 5 à 6 millions, voir 8 millions de coptes. Or, tout égyptien sait que le seul quartier de Choubah, au nord du Caire compte déjà plusieurs millions de coptes. Ainsi ce dénombrement est-il perçu comme une insulte pour les chrétiens.

La vérité enfin semble se faire !
Nabil Sharaf Eldin, journaliste, ancien Officier de Police et ancien conseiller du Ministre de l'Intérieur, après la révolution en 2011, annonce le chiffre de plus de 18 Millions de cartes d'identités délivrées aux égyptiens chrétiens. La carte d'identité étant attribuée à partir de 18 ans, c'est donc sans compter la jeunesse. La population du pays étant d'environ 86 millions, les coptes représentent donc entre 20 à 25% de la population égyptienne.